L'art des odeurs et le multi-sensoriel
On parle peu de la parfumerie fonctionnelle. Pourtant elle nous touche partout dans notre quotidien puisqu’il s’agit de créer des parfums pour les produits, tous les produits que nous utilisons au quotidien.
Comme tout ingrédient dans une formule de produit, le parfum remplit plusieurs rôles dont le principal est d’apporter du plaisir en utilisant le produit. Pour ma part, donner du bonheur aux gens est une quête de vie. Apporter de la vie dans la vie pour rendre la vie joyeuse, je ne vois pas d’autre raison de travailler dans la création !
Très souvent, en tant que parfumeur de parfumerie fonctionnelle, nous travaillons sur des produits qui sont distribués à grande échelle : il faut donc dans ce cas que le parfum inspire beaucoup de monde. Nous nous retrouvons ainsi coincés entre la créativité débridée et puis la nécessité que ce parfum plaise. Les parfums passent alors par des tests où les clients qui auront testé le produit nous donnent leurs retours. C’est alors que nous sortons notre dictionnaire à traduire les sensations en molécules. Comme m’avait dit un traducteur d’un auteur connu « traduire c’est essayer de ne pas trahir ». Trahir quoi me direz-vous ? Dans le cas d’un livre, il s’agit de traduire une pensée et non des mots. Chez nous parfumeurs, nous traduisons des perceptions, des sensations. Allez-y pour voir de traduire « la sensation de propre » selon la vie quotidienne japonaise ou indienne, ou encore européenne quand vous travaillez tous les jours dans une multinationale américaine ou une maison de parfumerie du sud de la France ! Traduire la sensation de soin, de confort en passant par les narines !
Tout comme le nez est au milieu de la figure, l’olfaction est un sens primordial, il est relié à notre respiration. Sa fonction primaire est de nous informer sur notre environnement et bien que nous n’y fassions pas toujours attention, il nous informe pourtant contamment (il informe notre subconscient si nous n’y prêtons pas attention). Nous sommes donc perpétuellement en connexion avec notre nez qui nous suggère des concepts : « mmmm ça m’a l’air d’être une bonne pâtisserie (en passant devant ) », « ce gel douche me semble vivifiant » ( au rayon cosmétiques d’un grand magasin), « ces vêtements me semblent élégants » (dans un magasin qui diffuse subtilement l’odeur de patchouli), « cette dame doit être riche » (elle porte un bon parfum cuiré des années ’80), « ce shampoing doit être sain pour les cheveux » (il sent le gingembre) …
Nous parfumeurs sommes donc constamment à l’affût de ce que vous allez bien pouvoir vous dire en sentant notre produit que nous avons toujours, soyez-en sûrs, concocté avec amour.
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